Deux ouvrages bouclés
sans prendre un week-end de pause (ma 1ere BD, et un roman à paraitre
le 10 mars), pas eu de vacances depuis presque deux ans, un état émotionnel
proche de l’Ohio (l’oïoïoï, pour être plus précise), le tout enrobé d’une
fatigue décerneuse de maux récurrents plus ou moins invalidants, tous
résumables par le corps médical via cette seule sentence : “ne
cherchez pas, il faut vous re-po-ser !”.
Alors je me suis dit, qu’est-ce que je vais aller perdre mon temps à
barboter dans une piscine, ou à bronzer au bord d’une plage ?
Et pourquoi pas arrêter de me plaindre, aussi ?
Du coup, comme ça faisait des mois que je me trainais à l’état de ruine, je
me suis dit que j’allais rendre visite à mes consoeurs, et aller les visiter,
ces ruines…dans la ville où on marche le plus.
Capito ?
Ni une ni deux, j’embarque mes nioutes, et nous voila parties pour Rome.
Munie d’une carte détaillée et d’une bonne paire de basket, je devrais
pouvoir m’en sortir, non ?
Non.
Heureusement,
j’avais emmené avec moi mon GPS de poche (Grande Poulette Savante) la plus
efficace création pour se réperer n’importe où une carte à la main que
l’on puisse trouver sur le marché. (Et c’est moi qui l’ai faite.)
J’avais
également entendu parler de cette amusante particularité italienne qui consiste
à rouler à 130 km/h sur des routes limitées à 50, y compris en ville (j’exagère
à peine).
Eh bien ce n’est pas une légende ! C’est dans ces moments là qu’on se
félicite chaleureusement de ne jamais avoir passé son permis.
Sitôt la première journée passée, j’en ai fait des cauchemars !
Le concept de traverser une rue, à Rome, équivaut à celui de risquer
sa vie. Les voitures ne s’arrêtent pas !
Pire, si vous posez un pied tremblotant sur la chaussée, elles le
remarquent et elles accélèrent !
La solution
? Traverser “à la romaine”.
Un peu façon
“Crocodile Dundee qui mate un buffle avec ses doigts” : vous avancez, sans
courir, sans vous presser, et vous fixez les voitures qui viennent vers vous et
qui, impressionnées par votre calme surhumain, ralentissent à votre niveau.
Et pour
cela, heureusement, je m’étais munie d’un PPSF de poche (Petite Poulette aux
Sourcils Froncés) (c’est moi qui l’ai faite aussi), qui gérait tout le
boulot, avant de clamer victorieusement, sitôt que nous avions atteint le
trottoir d’en face : ”ça y est ! Je les ai regardés !”
Sinon, il
existe une troisième méthode : se coller à un romain (ou à une romaine) et se
planquer derrière lui (ou elle) en le laissant prendre tous les risques (testé
et approuvé par moi.)
Traverser,
mais pour aller où, me direz-vous ?
Eh bien chez
Dagnino (galleria Esedra, via Vittorio-Emanuele Orlando, 75), le meilleur
pâtissier sicilien qui existe à Rome.
La preuve :
Attendez.
Une seconde.
Voila. On
teste pour vous. On ne voudrait pas vous conseiller n’importe quoi non plus,
hein.
Par où
commencer ? Nous sommes à peine arrivées depuis quelques heures, et la nuit ne
va pas tarder à tomber. On explore ? Allez, on
explore.
On franchit le Tibre, on va se perdre dans le Trastevere, un quartier que nous
n’avons pas particulièrement adoré, mes nioutes et moi. On ne saurait dire pourquoi. Même
si, comme tout à Rome, l’endroit est d’une rare beauté.
Oui,
parlons-en, de la beauté de Rome. C’est une ville magnifique, un musée à ciel
ouvert, où l’on découvre des trésors à chaque coin de rue, où l’on s’émerveille
de mille détails quel que soit l’endroit où les yeux se posent. C’est un voyage dans le temps, et à toutes les époques mélangées.
C’est juste sublime.
Et les romains, quand on fait l’effort de baragouiner quelques mots d’italien
pour leur parler, sont polis et accueillants.
Choc des cultures pour la parisienne que je suis ! J’ai plus
l’habitude de parler en souriant.
Nos premières pizza italiennes, nous les goûtons chez Popi-Popi (via delle
Fratte di Trastevere, 45), un restaurant qui les fait avec une pâte
ultra fine.
Elles sont
légères et délicieuses.
Après une
bonne nuit de sommeil, nous décidons d’aller à la fontaine de Trévi à pied.
En chemin,
selon le théorème disant qu’à Rome, il y a une merveille à découvrir à chaque
coin de rue, nous tombons tout naturellement… sur le palais présidentiel.
…et par voie de conséquence, deux rues plus loin, nous tombons nez à nez avec
Giorgio Napolitano.
Qui est
Giorgio Napolitano ?
Oh, rien
d’autre que le Président de la République Italienne.
Si.
Eeeh ouais.
(A ne pas
confondre avec Sylvio Berlusconi, qui lui est président du Conseil.)
Et qu’est-ce
qu’il fait devant moi, il signore Napolitano ? Hein,
qu’est-ce qu’il fait devant moi ?
Il serre
la pince à Gianni Alemanno, le maire de Rome !
Ensuite, on est tous allés ensemble prendre un pot.
Enfin, surtout mes filles et moi.
Non sans avoir jeté, auparavant, une pièce dans la sublimissime (au delà
des mots) fontaine de Trévi, et l’avoir mitraillée de photos…
Puis, on
s’est dirigées vers la piazza Colonna.
Pour
l’admirer ?
Non.
Juste parceque derrière, se trouve le meilleur glacier de Rome !
Que dis-je,
de Rome ? d’Italie !
Que dis-je,
d’Italie ?! DU MONDE ! (non, je ne suis pas excessive ! Non ! non !)
J’ai nommé :
Giolitti. (Via degli Uffici del Vicario, 40)
Leurs glaces
sont crémeuses à tomber, à peine sucrées, sans colorant, et exhalent un goût si
délicat et si prononcé, sublimant le parfum qu’elles continennent, qu’après les
avoir goûtées, toutes les autres glaces auront la saveur d’un sunday du Macdo.
Et non, ils
ne m’ont pas payée pour dire ça, ils ont même failli me lyncher pour avoir mis
trois misérables secondes à choisir parmi leur cinquantaine de parfums
différents.
(Fallait voir la foule déchainée ! Bande d’affamés !)
Nous
marchons ensuite jusqu’à la très élégante piazza Navona.
On ne dirait pas, comme ça, mais cette place fut il y a longtemps un ancien
stade (le stade de Domitien), et les immeubles sont directement construits sur
les gradins !
Ultra touristique, les fontaines y sont, comme
d’habitude, particulièrement somptueuses.
Hop ! Un
saut au marché Campo di Fiori, situé juste à côté.
Super joli, plein de produits typiques et de tee-shirt de toutes les
couleurs avec “I love Roma” dessus !
Il faut juste arriver à oublier que ce marché est situé sur une
ancienne place d’executions publiques. Brr.
Mais sinon, ils font des pâtes de toutes les
couleurs !…
….et on
fonce retrouver Anne-Marie, de l’agence Visite Guidée de Rome pour trois heures
d’explorations passionnantes de la Rome Antique.
Cette
visite, je l’ai voulue pour nioute ainée, qui avait trois rêves : aller en
Italie, visiter Rome, et voir le Colisée. Nioute minus avait aussi un petit
rêve secret, que j’ai exaucé dans la foulée.
Grâce à
Anne-Marie, on l’a découvert, ce Colisée, de la façon la plus complète, la plus
instructive, et la plus intéressante qui soit ! Un vrai
bonheur. (Anne-Marie est guide officiel de la ville de Rome, donc si vous
allez là-bas et désirez découvrir l’histoire d’un site en
particulier, n’hésitez pas à la contacter.)
Après le Colisée, elle nous a ensuite fait découvrir les Forums impériaux,
le Capitole, le Palatin, le Sénat romain, le Forum de Trajan, l’Arc de Titus,
et j’en passe… une mine d’informations ponctuée de dizaines d’anecdotes, et des
milliards de photos prises, dont voici quelques unes.
Impression étonnante de piétiner des trésors
historiques…et pensée que, peut-être, ces sites devront être fermés dans
quelques années pour leur conservation. Comme le furent les grottes de Lascaux.
Sentiment intense d’être peut-être une des dernières à
fouler ces chemins…
A
peine avons-nous quitté notre guide, que nous décidons de terminer la journée
par une visite des Musei Capitolini.
Hop ! Après
avoir fait quelques pas à l’intérieur, nous tombons nez à nez sur
l’emblême de la ville : La louve romaine nourrissant Romulus et Remus !
Au fait, je ne vous ai pas parlé des italiens ?
Aaaah, les italiens ! Qu’est-ce qu’ils sont mignons ! En plus c’est dingue,
ça, impossible de faire deux pas sans se faire draguer.
D’ailleurs, même moi je m’y suis mise. J’ai dragué un peu. Oh, pas
beaucoup, juste une fois, pour voir si mon bon vieux pouvoir de séduction
n’était pas trop périmé.
J’ai croisé ce beau frisé, là, avec ses yeux verts, et j’ai testé.
Mais cet idiot est resté de marbre.
(Sous-titrage
de nioute ainée : “Maman essayant d’embrasser un moche.”)
Sitôt sorties du musée, on trouve les impressionnantes statues de
Castor et Pollux, représentés plus grands que leurs chevaux.
(A moins qu’ils n’aient eu un goût prononcé pour les poneys, allez savoir…)
Ils surmontent
la Cordonata, un escalier qui a été conçu par Michel-Ange.
“Et avec tout ça”, souligne nioute minus, “ils n’ont même pas été capables
de se payer un slip !”
Ensuite, on s’est un peu perdues.
Et, à force de marcher, à un coin de rue, on est tombées sur… ça !
La Bocca
della Verità.
Comment on est trop rentrées en courant, tellement on a flippé !
Le
lendemain, après une visite dans le quartier del Guetto, de la Grande
Synagoga di Roma et de son musée, que je n’ai pas pu prendre en photo mesures
de sécurité oblige, nous découvrons la fontana delle Tartarughe (la fontaine
des tortues.) Une fontaine sublime de plus, surtout pour moi qui adore les tortues.
Ah !
Il faut que je vous parle d’une découverte culinaire (encore une !), qui frôle
le délice absolu.
Ce sont les
carciofo alla giuda (les artichauts à la juive).
Le meilleur
endroit où les manger, c’est chez Piperno (monte dei Cenci, 9).
L’artichaut,
c’est l’espèce de soleil, là, sur la gauche. Il est délicatement
frit, et on détache ses pétales uns à un pour les grignoter. C’est succulent.
Au dessus, ce sont des fiori di zucca (des fleurs de courgette farcies de
mozarella et d’anchois.)
Voila exactement ce qu’il faudra que j’apprenne à faire, le jour où je me
déciderai à dire adieu à mon ami Picard !
Comme
c’était un peu loin, on s’est dit qu’ensuite, pour aller à la piazza di
Spagna, on irait à cheval.
Et c’est ce qu’on a fait. Mais arrivées là-bas, l’horreur…. la place
est entièrement envahie de supporters écossais tout verts qui hurlent des
chansons guerrières en levant les bras et en essayant de faire peur aux
supporters italiens face à eux qui hurlent des chansons guerrières en retour.
Spectacle surréaliste. Et impossible de savoir si les écossais sont nus
sous leur jupe. (J’ai
demandé à la fille qui accompagnait l’un d’entre eux, mais elle m’a juré
qu’elle ne le savait pas. Ca devait être sa soeur.)
J’aurais adoré regarder le match dans un café, et encourager l’équipe
ayant les joueurs les plus mignons, mais nous étions dans l’avion du retour au
moment où il se déroulait.
Dommage, comme l’Italie a gagné, il a du y avoir une ambiance de liesse
dans les rues de Rome !
Alors, nous sommes parties visiter le Panthéon…
Ce jour là
il faisait beau, mais il parait que lorsqu’il pleut, il pleut aussi à
l’intérieur, par l’oculus central !
Notre dernière journée sur place fut consacrée à la visite des musées
du Vatican, que nous avons effectuée au pas de charge, craignant de ne pas
avoir le temps de tout voir.
Du coup, on a trié et sélectionné exactement ce qui nous intéressait. Sauf
qu’en réalité… les musées se suivent, et on doit tous les faire !
Certains ont été pour nous plus impressionnants que d’autres. Par exemple : la galleria delle Carte
geografiche (galerie des cartes géaographiques) (oui, je me la pète un peu en
italien, et alors ?) absolument
magnifique, les Stanze di Raffaello (les chambre de Raphaël), aux murs couverts
de fresques, jusqu’à…la Capella Sistina (la chapelle Sixtine !).
Un peu déconcertante au début (après de telles magnificiences, de telles
débauches de dorures, l’endroit, pas éclairé et bondé de monde, surprend au
premier abord), puis on observe, on prend une photo en cachette sans flash
(chuuut, c’est interdit !), et l’éblouissement nous saisi.
Grandiose. C’est juste grandiose.
Et encore plus grandiose d’imaginer Michel-Ange peindre pendant presque
trois ans ces fresques du haut de ses vingt mètres d’échaffaudages !
On finit par
faire un tour à la pinacothèque, une splendide collection de peintures que l’on
découvre avec son Audioguide vissé à l’oreille, puis on file par les escaliers
de Bramante (oeuvre de 1932, réalisée par Giuseppe Momo) direction
l’incontournable place St Pierre….
…que voici :
Et comme on
a adoré tout ce qu’on vient de voir, le temps d’un rafraichissement au Café
Doria (via della Gatta, 1), où le patron nous reçoit avec une rare gentillesse
(je le répète : j’ai plus l’habitude, à Paris !)…
…on décide de terminer la journée par une expo absolument somptueuse del
Caravaggio (Le Caravage) (bouh, que c’est moche dit en français !) qui nous
fait toutes les trois tomber en pâmoison absolue. D’ailleurs, nioute minus et
moi décidons que Caravaggio est désormais notre peintre préféré.
L’expo, qui
a commencé le 20 février, se termine le 13 juin 2010, et se déroule à la
Scuderie del Quirinale (via 24 maggio, 16)
A voir absolument si vous êtes dans le coin !
Sur le
chemin du retour, dans l’aéroport, la commerciale d’un stand bancaire
tente de me vendre une carte de crédit. Elle m’en explique le fonctionnement,
et quand je lui répond en français, elle s’excuse : “désolée, je vous avais
prise pour une italienne ! Cette carte est réservée aux italiens…”
J’ai failli
l’embrasser.